Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,

Mesdames et Messieurs les Chefs de Délégations,

Distingués Délégués,

Excellences Mesdames et Messieurs,

Le Président de la République du Cameroun, S.E. Paul Biya, m’a fait l’honneur de Le représenter aux travaux de la 78ème Session de l’Assemblée Générale de l’Organisation des Nations Unies et m’a instruit de délivrer, en Son Nom, l’Allocution qui suit : je cite

Permettez-moi de prime abord, d’adresser les chaleureuses félicitations du Cameroun à Monsieur Dennis Francis, suite à son élection à la présidence de la présente session. Sa longue expérience dans la diplomatie multilatérale et ses éminentes qualités humaines nous permettent de croire qu’il saura conduire nos travaux avec efficacité et succès.

Je voudrais dès lors, l’assurer du soutien de mon pays dans l’accomplissement de son honorable mission.

Je saisis cette occasion pour féliciter également son prédécesseur, l’Ambassadeur CSABA KOROSI, qui a œuvré à la préparation des nombreuses réunions de haut niveau, dont l’examen au cours de la 78ème session engage notre futur. Qu’il veuille bien trouver ici toute la reconnaissance du Cameroun.

Il me plait par ailleurs de redire, à Monsieur le Secrétaire Général, Antonio GUTERRES, toute mon appréciation des résultats obtenus jusqu’ici dans l’exercice de ses hautes et délicates fonctions. Je lui renouvèle plein soutien du Cameroun aux efforts qu’il déploie afin que notre Organisation commune relève efficacement les multiples défis auxquels le monde est confronté.

Enfin, du haut de cette tribune, je voudrais réitérer le soutien et la solidarité du Cameroun aux Gouvernements et aux Peuples respectifs du Royaume du Maroc et de la République de Libye, suite aux récentes catastrophes naturelles dont ils ont été victimes et qui ont occasionné de très lourde perte matérielle et en vies humaines.

Monsieur le Président,

Excellences, Mesdames, Messieurs,

Le thème général choisi pour le débat de la présente session s’intitule « Rétablir la confiance et raviver la solidarité mondiale : accélérer l’action sur l’Agenda 2030 et ses Objectifs de Développement Durable dans la paix, la prospérité, le progrès pour tous ». La pertinence de ce thème n’est plus à démontrer.

En effet, cette 78ème session se tient dans un contexte où les tensions et les rivalités géopolitiques se renforcent, mettant en péril la paix, le développement économique, social et culturel dans de nombreux pays, en Afrique, en Asie, en Amérique Latine, et en Europe. C’est le cas notamment en Ukraine, dans les régions du Sahel, des Grands Lacs et de la Corne de l’Afrique.

Ces situations viennent fragiliser les nombreux efforts consentis pour surmonter la pandémie de Covid-19, renouer avec la croissance et le développement, et lutter efficacement contre les changements climatiques.

Fort heureusement, on peut se féliciter de ce que la communauté internationale s’est mobilisée pour parvenir à un consensus autour de certains enjeux majeurs. C’est le cas de l’Accord de Paris sur le climat ; c’est aussi le cas de la grande entente sur le programme de développement durable que nous avons lancé ensemble et ici même, en 2015, assorti du programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement. Plus récemment encore, nous avons adopté la Convention-Cadre d’Ottawa ainsi que l’Accord sur la biodiversité marine.

C’est dans cette même dynamique que l’Afrique met progressivement en œuvre son Agenda 2063 et l’Accord sur la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine, afin de promouvoir une Afrique unie, une Afrique de paix, une Afrique de sécurité, une Afrique de bonne gouvernance, une Afrique de prospérité partagée, une Afrique appelée à jouer un rôle majeur dans les relations internationales à l’horizon 2063.

Malgré tous ces efforts, les résultats attendus tardent encore à être visibles. Qu’est-ce qui pourrait expliquer une telle situation ?

Monsieur le Président,

Entre autres raisons, il convient de reconnaitre que l’action n’a pas toujours suivi la parole donnée. A titre d’illustration, je voudrais évoquer la mobilisation insuffisante des moyens pour la mise en œuvre des ODD, ou la non atteinte de l’objectif 0,7% fixé pour l’aide publique au développement malgré les promesses faites voici bientôt 50 ans.

Reconnaissons également que, parfois, les moyens mobilisés l’ont été soit en retard, soit distribués de manière parcimonieuse, du fait des conditionnalités.

Parfois encore, c’est la timidité de la volonté politique qui est mise en cause, lorsqu’elle n’est tout simplement pas absente ou altérée par les considérations égoïstes, qui prennent parfois le pas sur l’intérêt général et la solidarité agissante entre les peuples et les nations.  

Enfin, les outils, mécanismes, institutions et schémas mis en place au lendemain de la Deuxième Guerre Mondiale pour promouvoir la paix, la sécurité, le développement économique et social, ne sont plus aussi performants et pertinents, en raison de la diversité et de la complexité des réalités nouvelles du monde.

Monsieur le Président, que pouvons-nous envisager maintenant ?

D’abord, un sursaut d’orgueil, un dépassement de soi et une volonté politique nouvelle s’imposent, tout comme une conscience nouvelle : celle qui met l’accent sur la primauté de l’intérêt général ; celle où la Science est mise au service de l’humanité entière en vue d’assurer le bien-être de chacun et de tous, dans des domaines importants comme la paix, la sécurité, la santé, ou encore le développement économique, social et culturel.

A cet égard, nous devons véritablement fonder notre action sur la Charte de notre Organisation, ses idéaux, ses principes et ses objectifs.

Nous devons résoudre les conflits par le dialogue et la concertation.

Nous devons promouvoir un pacte pour une architecture financière mondiale rénovée.

Nous devons œuvrer sans relâche, à l’avènement d’un véritable développement global équitable, qui permette à toutes les régions du monde d’aspirer à la prospérité et à la croissance. Telle est, en tout cas, l’ambition de l’Afrique, à travers l’Agenda 2063 et l’établissement d’une Zone de Libre-Echange Continentale, dont les résultats sont attendus dans des domaines comme la recherche, la science, la technologie, l’énergie, les infrastructures, les communications et télécommunications, l’agriculture et l’alimentation, la dette, le financement du climat et du développement en général.

Nous devons enfin agir ensemble pour une réforme du Conseil de Sécurité en vue de donner aux pays du Sud, et en particulier à l’Afrique, une représentation permanente et équitable.

En effet, il est à souligner que l’Afrique, en plus d’être sous-représentée au Conseil, est le seul continent à ne pas disposer d’une présence permanente au sein de cet Organe, alors que deux tiers de ses activités lui sont consacrés. Il s’agit là, à vrai dire, d’une injustice qu’il convient de corriger.

C’est pourquoi nous réaffirmons notre soutien au consensus d’Ezulwini et à la Déclaration de Syrte, en réclamant 2 postes permanents et 3 postes non-permanents supplémentaires pour l’Afrique au Conseil de Sécurité.

Monsieur le Président,

Excellences, Mesdames, Messieurs,

Le Cameroun est, quant à lui, résolu à tenir ses engagements, dans le cadre des divers cercles de solidarité auxquels il appartient.

Il a, ainsi été l’un des premiers pays à ratifier l’Accord de Paris sur le climat et, en rapport avec les autres membres du Bassin forestier du Congo, œuvre activement à la recherche de solutions aux dérèglements climatiques.

Le Cameroun est aussi l’un des pionniers dans l’opérationnalisation de l’Accord sur la Zone de libre-échange continentale, et a engagé un plan de mise en œuvre des ODD et de l’Agenda 2063, grâce à l’adoption d’une Stratégie Nationale de Développement, la SND 2030, destinée à en faire un pays émergent à l’horizon 2035.

Il a également adopté l’ensemble des réformes nécessaires pour la promotion du développement économique et social durable, la bonne gouvernance axée sur la décentralisation, afin de permettre à tous les citoyens de participer pleinement aux affaires de leur pays.

Sur le plan sécuritaire, la lutte contre Boko Haram se poursuit activement, de concert avec les pays membres de la Force Multinationale Mixte de la Commission du Bassin du Lac Tchad. Les résultats de ces efforts sont déjà observables sur le terrain, même si des efforts supplémentaires devraient être consentis.

Dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest en particulier, la paix et la stabilité reviennent progressivement, grâce aux actions diligentes du Gouvernement suite aux recommandations du Grand Dialogue National et ce, en dépit des cas épisodiques de violence ou de prise d’otages avec demande de rançons, orchestrées par les séparatistes.

La mise en œuvre effective, par le Gouvernement, du Plan Présidentiel de Reconstruction et de Développement, ainsi que l’opérationnalisation des Centres de Désarmement, de Démobilisation et de Réinsertion (DDR), permettent d’envisager avec sérénité le retour durable de la paix et de la stabilité, et la relance des activités économiques et de développement dans les deux Régions. Ces efforts ne seront certainement pas vains.

Nous saisissons cette occasion pour remercier une fois de plus nos partenaires bilatéraux et multilatéraux qui continuent à contribuer à l’amélioration de la situation, à travers leurs soutiens aux différents plans mis en place par le Gouvernement. Leur assistance précieuse dans la lutte contre le financement des activités de déstabilisation dans ces deux régions est également appréciée du Gouvernement, qui maintient sa main tendue à ceux qui ont pris les armes et les appelle à les déposer.

Monsieur le Président,

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Le monde est en pleine mutation. Il nous revient, dès lors, de prendre les décisions et les orientations adéquates pour le rendre meilleur, pour le bien-être de nos populations. Nous pouvons y arriver, pour autant que nous puissions renforcer notre solidarité afin de relever ensemble nos défis communs.

En cette ère du numérique et de l’intelligence artificielle, nous avons entre nos mains des outils prodigieux. S’ils sont utilisés à bon escient, ils peuvent nous permettre d’atteindre les résultats escomptés en vue d’assurer la survie de l’humanité et de lui garantir un avenir meilleur.

Je vous remercie.

Fin de citation.   

New York, le 26 septembre 2023

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