Monsieur le Président, Cher Frère,

Madame Aisha BUHARI, 

Monsieur le Vice-Président de la République Fédérale du Nigeria,

Monsieur le Président du Sénat,

Monsieur le Président de la Chambre des Représentants,

Monsieur le Président de la Cour Suprême,

Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement,

Mesdames et Messieurs les Membres du Corps Diplomatique,

Mesdames et Messieurs,

Je suis heureux de me retrouver à Abuja, votre capitale, dont le charme et  la beauté impressionnent toujours le visiteur. Et je constate personnellement, à chaque visite, qu’elle est en constante transformation. 

Je voudrais aussi vous remercier pour l’accueil exceptionnel qui m’a été réservé, ainsi qu’à mon épouse et à ma délégation, à mon arrivée dans votre grand pays. J’en suis particulièrement touché. 

Je serais tenté de dire qu’il est à la hauteur de l’hospitalité légendaire du peuple nigérian.

Monsieur le Président, Cher Frère,

Ma visite fait suite à celle que vous avez effectuée à Yaoundé l’année dernière, visite qui a incontestablement représenté un tournant dans nos relations. Dans l’histoire des rapports entre le Nigeria et le Cameroun, il y aura désormais un avant et un après juillet 2015.

Nous avons constaté que nous avons beaucoup en commun et que de vastes espaces de coopération existent entre nos deux pays. Mais nous avons surtout pris acte de ce que nous avons un ennemi commun. Je veux évidemment parler de Boko Haram, dont les objectifs obscurantistes et les méthodes barbares sont à l’opposé des aspirations de nos peuples.

Ces peuples placent en effet leurs espoirs dans un développement qui leur assure une amélioration de leurs conditions de vie et dans l’avènement d’une société de paix, de prospérité et de fraternité. D’avoir à faire face à la même menace a sans aucun doute été un puissant facteur de rapprochement et d’entente entre le Nigeria et le Cameroun, à l’image de la coopération fraternelle entre nos armées.

Entretemps, les offensives de l’armée nigériane contre les positions de Boko Haram ont, comme vous l’avez dit, « techniquement » neutralisé l’organisation terroriste tandis que les forces des autres pays de la Commission du Bassin du Lac Tchad (dont le Cameroun) harcelaient les groupes terroristes repliés dans les zones frontalières. Je tiens ici à féliciter les forces de défense et de sécurité de tous nos pays et la Force Multinationale Mixte, pour leur vigilance et leur efficacité.

Il est aujourd’hui permis d’espérer que, Boko Haram, considérablement affaibli, n’aura bientôt plus sa capacité de nuire.

Je veux aussi exprimer ma compassion pour les nombreuses victimes des attentats suicides perpétrés au Nigeria par l’organisation terroriste, ainsi que mon souhait de voir les jeunes filles de Chibok retrouver bientôt la liberté.

Je voudrais d’ores et déjà saluer les mesures prises, à votre initiative, pour la restauration de l’autorité publique dans les zones reconquises et pour faciliter la réinstallation des populations  déplacées. Sachez, Monsieur le Président et Cher Frère, que vous pouvez compter sur le Cameroun pour continuer à apporter à vos compatriotes, qui ont dû fuir les zones de combat, toute l’assistance nécessaire. Il n’y a là au demeurant qu’un juste retour des choses pour l’hospitalité que votre pays accorde aux Camerounais qui ont choisi de vivre au Nigeria. 

Nous devrons, le moment venu, chacun de son côté et collectivement, tirer les leçons de l’épisode Boko Haram. 

Je crois que les pays de la zone du Lac Tchad, et particulièrement le Nigeria et le Cameroun, auront intérêt, une fois le phénomène terroriste éradiqué, à se concerter pour en prévenir la réapparition. Il s’agira bien entendu de dispositions communes d’ordres militaire et sécuritaire, mais aussi de mesures de nature à accélérer le développement des régions concernées. Nous savons, en effet, que le sous-développement, c’est-à-dire la pauvreté et l’ignorance, favorisent les entreprises de mouvements terroristes tels que Boko Haram. 

C’est pourquoi, Monsieur le Président, Cher Frère, je crois qu’il serait utile, pour commencer, d’élaborer des projets de codéveloppement dans nos régions frontalières parfois délaissées. A partir des ressources dont elles disposent, des projets agricoles et d’infrastructures pourraient être envisagés en commun. Il faudra pour cela raccorder nos réseaux routiers (ce qui est en cours), fournir de l’énergie électrique (ce que le Cameroun pourra faire à moyen terme) et y implanter des infrastructures sociales. 

Je pense en particulier aux zones qui ont été dévastées par Boko Haram et où les populations déplacées devront être réinstallées.

En attendant, je crois que nous devons tout faire pour renforcer et diversifier nos relations de coopération. Il existe à cet égard entre nous divers accords dont la mise en œuvre aurait des retombées positives pour nos deux pays. 

La prochaine session de notre Grande Commission Mixte pourrait être l’occasion d’une relance vigoureuse de notre coopération dans certains domaines. 

De la même façon, il serait souhaitable que la commission mixte chargée de la démarcation de notre frontière commune puisse achever ses travaux et que l’accord-cadre relatif à la coopération transfrontalière en matière d’hydrocarbures soit finalisé.

Mais j’ai la conviction que nous devons voir plus grand et plus loin. 

D’une façon générale, je crois que les relations économiques entre nos deux pays sont loin d’avoir exploité toutes leurs potentialités. Des consultations devront avoir lieu à ce sujet entre nous au niveau des instances gouvernementales mais aussi des organisations professionnelles. Des forums d’affaires pourront également être organisés dans chacun de nos pays pour faire connaître aux investisseurs les opportunités disponibles.

Monsieur le Président, Cher Frère,

C’est une nouvelle ère qui s’ouvre dans les relations entre nos deux pays. Nos entretiens de ce jour et la signature des accords qui a suivi me le confirment.  J’en suis heureux. J’ai le sentiment en effet que cette évolution répond non seulement aux intérêts de deux parties, mais aussi aux souhaits des peuples nigérian et camerounais. C’est pourquoi je ne doute pas que cette étape que nous allons parcourir ensemble sera couronnée de succès.

Je vous remercie Mesdames et Messieurs. Et je souhaite que la solidarité et la fraternité entre le Cameroun et le Nigeria aillent toujours en se renforçant.-

 

Abuja, le 3 mai 2016

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