Messieurs les Chefs d’Etat et Chers frères,

Excellences,

Mesdames, Messieurs, 

Après N’djamena l’année dernière, Yaoundé se réjouit d’accueillir les travaux de la 9ème Conférence des Chefs d’Etat de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale. 

En vous souhaitant une chaleureuse et fraternelle bienvenue dans notre pays, nous formons également le souhait que votre séjour à Yaoundé soit des plus agréables et que nos délibérations connaissent le succès que nous sommes en droit d’en attendre. 

Nos souhaits de bienvenue s’adressent également aux Représentants des Organisations Internationales, dont l’intérêt constant qu’elles portent à notre Communauté, est un témoignage éloquent de leur sollicitude à l’égard de notre sous-région. Nous y voyons une marque de confiance dans notre entreprise et un gage de succès pour la CEMAC.  

Messieurs les Chefs d’Etat, 

Excellences,

Mesdames et Messieurs, 

Notre histoire commune  dans le cadre de notre intégration régionale est déjà relativement longue mais depuis le début de ce processus l’environnement mondial a profondément changé. La CEMAC ne peut pas ne pas en tenir compte. 

La planète est, en effet, devenue ce village où les distances ne sont plus un obstacle et où l’interdépendance est un fait d’évidence. 

Jamais sans  doute l’évolution du monde n’a suscité autant d’espoirs mais en même temps n’a été aussi grosse d’incertitudes.

La crise alimentaire mondiale, la détérioration du pouvoir d’achat, la hausse des cours du pétrole et les troubles qu’elles ont suscités dans divers pays sont autant d’avertissements dont nous devons absolument tenir compte. 

Fort heureusement, la CEMAC a de nombreux atouts pour que le XXIe siècle  soit aussi le sien. La globalisation des échanges nous offre d’immenses  opportunités.  A nous de les saisir. C’est la conscience de ces mutations profondes qui nous a conduits à entreprendre un vaste programme de réformes institutionnelles de la CEMAC. 

Il importe que la CEMAC soit dotée d’institutions plus efficaces, à même de saisir les chances qui s’offrent à elle et qui répondent aux objectifs que nous nous sommes fixés. 

Le temps n’est plus au simple replâtrage institutionnel. 

Pour réussir  nos réformes et faire de la CEMAC un grand projet d’avenir, nous devons être audacieux et ouverts. 

Audacieux parce qu’on ne construit rien de grand sans audace. N’ayons pas peur des idées nouvelles. Ce sont elles qui sont porteuses d’avenir. 

Ouverts, parce qu’il faut accepter de faire une place à chaque ressortissant de nos pays dans notre sous-région, reconnaître à chacun les mêmes droits, s’engager à concrétiser les projets structurants et intégrateurs de notre Communauté, mettre en œuvre les libertés de circulation qui traduisent  notre volonté de  donner à la CEMAC le contenu qu’en attendent les peuples d’Afrique Centrale. 

C’est dire qu’il s’agit d’une nouvelle page d’histoire de notre Communauté qui doit s’écrire à partir de ces réformes. 

C’est, nourris de cette conviction que nous avons demandé à la Commission de la CEMAC, de  réfléchir  et  d’élaborer,  en liaison  avec  la  Banque des Etats de l’Afrique Centrale et la Banque de Développement de l’Afrique Centrale, un ambitieux programme économique régional. Ce programme devrait être la traduction de notre détermination à promouvoir de façon harmonieuse le développement économique et social de l’Afrique Centrale. 

C’est le sens, et aussi l’esprit, de l’action que nous sommes convenus de mener pour des changements notables de notre Communauté, afin que l’Afrique Centrale se transforme et se forge un avenir prospère.

La promotion de la femme, les problèmes de la jeunesse, la bonne gouvernance, le respect des droits de  l’homme, la rigueur dans la gestion des ressources communautaires, ont leur place  dans les programmes de refondation de la CEMAC, jouant ainsi le rôle de stimulants de nos efforts communs de  développement et de promotion du mieux être de nos populations. 

Le mieux être de nos populations passe en effet par une intégration plus harmonieuse de nos pays dans l’économie mondiale, par un développement plus durable et une réduction plus rapide de la pauvreté. 

Avec l’accord de Partenariat Economique projeté entre l’Union Européenne et la CEMAC, nous voudrions mettre en marche un des moteurs de la réalisation de cet ambitieux objectif. Il s’agit en fait, de transformer l’Afrique Centrale en un pôle d’attraction pour les investissements et les initiatives privées et en un centre d’activité économique compétitif qui serait le garant d’une croissance soutenue et d’un développement économique et social pérenne. 

La CEMAC entend négocier solidairement avec l’Union Européenne, un Accord de Partenariat prenant en compte nos intérêts fondamentaux. Nous attendons aussi qu’il soit  un puissant catalyseur pour réaliser les objectifs d’intégration régionale que nous nous sommes fixés. 

De façon évidente, le mieux être de nos populations passe également par des progrès en matière de santé. Il est essentiel que des actions vigoureuses soient engagées en vue, notamment, de l’éradication des pandémies qui, aujourd’hui, handicapent l’Afrique Centrale : le VIH/SIDA, le paludisme, la tuberculose. Des moyens devant nous permettre d’y parvenir, doivent être activement recherchés. Le but est de mobiliser des ressources importantes, prévisibles et  constantes. 

Ces moyens et ressources, en dehors de nos Etats eux-mêmes, pourraient provenir de la Communauté internationale et notamment de l’Union Européenne et de la TICAD dont les engagements en faveur de la CEMAC sont connus. 

Le mieux être de nos populations est également conditionné par le maintien de la paix dans l’espace CEMAC. C’est pourquoi, dans la continuité des actions déjà entreprises, il nous faut nous mobiliser pour que la paix et la sécurité deviennent des réalités tangibles pour l’ensemble des peuples d’Afrique Centrale. 

Des progrès appréciables ont déjà été obtenus pour contenir l’extension de l’insécurité dans notre sous-région, en particulier dans sa partie septentrionale. Mais force est de constater que ce phénomène est loin d’avoir disparu. Les multiples tentatives de  déstabilisation dont le Tchad, pays frère et ami est victime de façon récurrente, sont là pour nous rappeler que le moment n’est pas venu de  baisser la garde. De la même façon, nous ne devons pas laisser se développer le long du littoral du golfe de Guinée des zones où les bandes armées font la loi, comme on l’a vu récemment à BAKASSI. 

Notre tâche consistera donc, en liaison avec la Communauté Internationale, à prendre toutes les mesures qui s’imposent, sans que cela nous empêche de favoriser les processus de réconciliation  nationale dans les pays en situation de post conflit. Par ailleurs, il s’agira de maintenir notre engagement pour que, là où c’est nécessaire, la paix s’installe à la place des tensions et des affrontements. 

Messieurs les Chefs d’Etat, Chers frères, 

L’ambition commune de nos peuples est que l’Afrique Centrale, aux côtés de ses partenaires au développement, redouble d’efforts afin que s’ouvrent pour nos Etats, les voies de la stabilité et du progrès. 

Cela ne sera possible que grâce à une vision claire de nos objectifs, une définition précise des moyens à mettre en œuvre et une évaluation réaliste des étapes de notre processus d’intégration. 

Celui-ci doit  être  ressenti  non  comme  la dépossession de nos souverainetés nationales mais, plutôt comme une mutation qui porte en elle des promesses d’unité et d’intelligence de l’avenir. 

Voilà ce à quoi, dans le cadre de la CEMAC, nous devons, je crois, travailler sans relâche pour bâtir ensemble une ambitieuse entreprise de cœur et de raison. 

Vive la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale, 

Vive la coopération régionale. 

Je déclare ouverts les travaux de la 9ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat de la CEMAC.- 

Je vous remercie.

Yaounde, 24 juin 2008

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